Un article à lire:

Les quatre visages de la femme.

 

Par Laura Winckler, auteur du livre

"Femme fille de déesses"

 

 

Mère ou fille, épouse ou maîtresse, prêtresse ou courtisane, reine ou servante, l’éternel féminin reste un mystère que les mythes et les légendes tentent de nous révéler à travers leurs récits. Cette symbolique universelle tourne autour de quatre visages de la femme qui s’offrent comme les quatre facettes complémentaires du miroir de l’âme féminine.
 

Vient de paraître: le livre "Femme-fille de déesses".
Un excellent livre sur les valeurs féminines.

Auteur: Laura Winckler.

 

 

Les représentations les plus archaïques de la femme sont celles de la Grande Déesse, que l’on retrouve dès la Préhistoire comme source de toute vie. Avec le temps, les fonctions de cette unique Déesse vont se diversifier et elle prendra de nombreux visages, plus ou moins vénérés dans les différentes civilisations du monde.

Les Égyptiens ont représenté ses différentes facettes sous les traits de la déesse primordiale, Hathor à quatre faces, associées aux quatre points cardinaux et aux quatre éléments, mais aussi aux quatre faces de la lune, l’astre dédié à la grande déesse. Ses quatre visages sont symbolisés par Isis, l’épouse aimante d’Osiris ; Sekhmet, la lionne farouche, qui tue et qui guérit à la fois ; Bastet, la douce chatte, séductrice et mère attendrie et Nuth, la Dame du Ciel, qui assure la renaissance du Soleil et de l’âme dans le monde céleste.

L’antiquité gréco-latine nous proposera également quatre visages de la femme qui réapparaîtront au XXe siècle avec les quatre niveaux de l’anima (1) décrits par C.-G. Jung.

Ces quatre aspects sont illustrés par les quatre déesses gréco-romaines les plus connues : Aphrodite – Vénus, Athéna – Minerve, Déméter – Cybèle et Héra – Junon. Mais nous les reconnaîtrons également dans les archétypes de toutes les civilisations, dans des héroïnes de la littérature et des femmes exceptionnelles de tout lieu et de tout temps, mais aussi dans notre propre histoire personnelle et dans celle des êtres que nous aimons et côtoyons.

Aphrodite, reine de la beauté
Lorsque le corps de la femme, dans la splendeur de la jeunesse, est habité par l’archétype d’Aphrodite, il incarne la beauté devenue forme parfaite, expression de l’harmonie de la nature. La beauté attire, séduit et exprime la force de Vénus, le mystère de l’amour qui s’épanouit aussi à travers l’art. Déesse de la procréation et de la fécondité, Vénus offre un double visage : celui de l’amour spirituel ou céleste, sous les traits de Vénus Ourania, et celui limité à l’amour charnel et à la sensualité, Vénus Pandémos.
Vénus se reflète aussi dans l’image de Béatrice, l’inspiratrice de Dante et de Mona Lisa, la célèbre Joconde de Léonard de Vinci, mais aussi de Mumtaz Mahal, pour qui fut construit le Taaj Mahal en Inde. Elle prend aussi le visage d’artistes ou de femmes à la beauté exceptionnelle comme Clara Schumann, Isadora Duncan, Maria Callas ou Marylin Monroe.




 

La courageuse Athéna
La femme est également l’énergie et le courage qui accompagnent et inspirent le chevalier dans son combat. Elle est une force intelligente qui défend la vie et les valeurs de la paix et de la civilisation. Son visage concentré, presque sévère est celui d’Athéna, la guerrière civilisatrice, la grande vierge qui apporte aux hommes l’olivier qui nourrit et éclaire. On la retrouvera sous les traits de Jeanne d’Arc ou de Marianne, et de femmes préoccupées par la société de leur temps comme la révolutionnaire Olympe de Gouges ou la militante Flora Tristan.

Déméter, la généreuse
Lorsque la femme devient mère, elle enfante, nourrit, élève, éduque. Elle prend alors en Égypte le visage d’Isis à l’enfant, ou de Déméter qui offre aux Grecs les richesses de la nature épanouie ou encore de la Vierge Marie dont le Fils incarne l’Humanité entière. Elle est mater, mère, substance porteuse du miracle de la nouvelle vie. Elle est vie, tendresse, douceur mais aussi fermeté et exigence. Par elle s’accomplit la création et se vit le mystère de l’immortalité à travers cette chair qui perpétue la présence de la lumière de l’esprit dans la matière. On la reconnaît dans toutes les mères et aussi dans des saintes ou religieuses qui mettent leur bonté au service de la souffrance du monde, telles Mère Térésa ou Sœur Emmanuelle, parmi bien d’autres.

Héra, pouvoir et magie
Elle peut être aussi femme de pouvoir, lorsque la connaissance se fait action et qu’elle parvient à libérer la puissance de la sagesse, pour guérir les corps et les âmes. Ce sera alors la sorcière ou la magicienne, telles Morgane dans la légende du roi Arthur ou la déesse lionne égyptienne Sekhmet, la puissance dangereuse qui blesse et qui soigne en même temps. Elle peut être l’épouse du mystère et vivra cela comme un mariage mystique. Elle sera alors prêtresse aux pouvoirs oraculaires, sibylle ou visionnaire. Son pouvoir s’exprimera également dans la souveraineté, gagnée par une profonde maîtrise de soi et le service à un idéal collectif. Dans son sillage, on peut retrouver quelques grandes souveraines ou femmes d’Etat, comme Hatshepsout, la Reine de Saba, Cléopâtre, Elisabeth Ière, la Grande Catherine de Russie ou la Reine Victoria.

Mais Héra est aussi l’initiatrice, celle qui met à l’épreuve pour libérer le pouvoir. Elle devient l’épouse de la puissance, comme Héra, épouse de Zeus, dont le dessein est de conduire l’homme au sommet de sa propre puissance. Elle lui apprend à sortir victorieux de ses peurs et de ses doutes, comme elle le fera avec Héraclès, qui deviendra un héros immortel. Héra éprouve l’individu pour le faire naître à l’invisible. Le nom de ces éveilleuses nous est en général inconnu, mais leur forme suprême est représentée par Sophia, la Sagesse, qui symbolise le mariage sublime où finalement masculin et féminin redeviennent le grand Un.
 

 

(1) anima : archétype féminin résidant dans l’inconscient masculin selon C.-G. Jung
À lire :
Histoire des femmes philosophes, Gilles MÉNAGE Arléa, 91 pages, 15 €
La femme philosophe remonte à la plus haute antiquité gréco-latine comme le montre cette traduction française de l’œuvre écrite en latin du grammairien et homme de lettres que fut Gilles Ménage au XVIIe siècle. Aspasie, Diotime, Hypathie, ne sont que les plus connues parmi les quelques dizaines qu’il nous présente.

« Femme, fille des Déesses », Laura Winckler, Ed. Nouvel Angle, 2005

 

Mis à jour :  14-01-2010 08:29 PM

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