Au quatrième siècle après Jésus Christ, depuis l’antique
cité d’Alexandrie en Égypte où tu vécus, très peu de choses nous sont
parvenues de toi, chère Hypatie. Cependant les savants, les philosophes
et les poètes, à travers les siècles n’ont jamais cessé de te rendre
hommage. On a dit de toi que tu étais Minerve réincarnée.
Plus près de nous, des philosophes comme Descartes, Newton, Leibniz ont
contribué à faire connaître tes travaux. Tout récemment, la Nasa donnait
ton nom à un jour de son calendrier.
Mais quel mystère étais-tu donc pour que ta présence, malgré les rares
traces des écrits que nous ayons de toi (quelques lettres, quelques
phrases qui ont pu être préservées de la destruction), nous rejoigne de
si loin et nous parle toujours?
À l’approche de ce que fut ta vie, nous le comprenons davantage et nous
ne pouvons nous empêcher d’être émus par la puissance du témoignage que
tu nous livres.
Tu étais fille d’un mathématicien du nom de Théon, considéré à son
époque, comme l’homme le plus cultivé de l’Égypte, il t’apprit tout ce
qu’il savait des enseignements de Pythagore, de Platon et de Socrate; tu
étudias les théories de Ptolémée, tu étudias l’astrologie, l’astronomie,
la philosophie et les différentes religions du monde. Plutarque
d’Athènes t’enseigna la théurgie cette science profonde des mages qui
fait appel à la connaissance spirituelle des pouvoirs de la nature. Tu
fus en Égypte à la tête de la plus importante école de philosophie à
Alexandrie où tu enseignas la philosophie naturelle, la musique et les
sciences.
Les témoignages historiques font mention non seulement de ton
intelligence exceptionnelle mais aussi de ta bonté et de ta nature
vertueuse, toi dont la beauté émerveillait. Quelques mots simples,
empreints d’intériorité et de modestie nous parviennent de toi et
traduisent la qualité de ton être : « Soyez bon et gardez votre voix
basse. ».
Par la profondeur de tes enseignements et ton éloquence, tu devins une
grande pédagogue, cherchant à éveiller chacun à sa propre intelligence
et nombreux étaient ceux et celles qui venaient des villes éloignées
pour t’entendre commenter Platon et Aristote ainsi que les oeuvres des
grands mathématiciens. « Réservez votre droit de penser, - écrivais-tu -
parce qu’il est préférable de penser incorrectement que de ne pas penser
du tout. »
Toute ta vie tu as cherché la vérité afin de la transmettre et de la
préserver contre les fanatismes de l’ignorance et du dogmatisme
religieux. Tu as cherché, dans une époque trouble, empreinte de
fétichisme, à éclairer tous ceux qui venaient chercher la sagesse auprès
de toi. Et tu exerças une influence majeure sur les plus grands esprits
de ton siècle.
Tu eus un disciple fameux, Sinécios de Cyrène, à qui tu enseignas les
lois de l’univers et la voie de la connaissance intérieure. C’est à
travers des lettres que vous vous échangiez que l’on te rencontre un
peu. L’on y apprend que tu réalisais certains outils dont l’astrolabe
qui servait à l’étude des mouvements des corps célestes, instrument avec
lequel tu enseignais l’astronomie. L’on te connaît plusieurs inventions
aussi dont un instrument servant à distiller l’eau et l’hydromètre
servant à mesurer la gravité de l’eau.
Nous n’avons plus les traités majeurs d’astronomie et de mathématiques
que tu écrivis, ils furent détruits, mais l’on sait que tu écrivis un
commentaire sur Diophante, un traité d’astronomie et un commentaire sur
les sections coniques d’Apollonius. On te connaît un important traité
d’algèbre et de géométrie. Tu développas, en géométrie, le concept de
l’hyperbole, de la parabole et de l’ellipse et les rendit plus
accessible à la compréhension. Tu eus en occident un impact profond sur
le développement des mathématiques et l’on te considère comme la
première femme en occident à avoir eu une influence déterminante sur les
mathématiques.
Ta quête de la sagesse n’avait d’égale que ton combat pour la liberté de
penser et tu dénonças toutes formes de superstitions ou de dogmatismes «
Toutes religions formelles et dogmatiques sont fallacieuses et ne
doivent jamais être acceptées comme absolues par quiconque se respecte.
Ȏcrivais-tu.
Mais au 4 ème siècle après Jésus Christ, à l’époque où tu vécus, régnait
l’obscurantisme et le chaos. Les pères de l’Église voyait d’un mauvais
oeil que grâce à tes cours sur Platon et sur Plotin, tu révélais les
mystères religieux inventés par l’Église, ceux-ci te considérèrent comme
dangereuse. De plus grâce à ta connaissance de la théurgie tu instruisis
les masses sur les pouvoirs de la nature et expliqua que ce que
l’autorité cléricale nommait miracle divin afin de s’assujettir les
foules n’était que l’utilisation des pouvoirs de la nature . « Enseigner
des superstitions comme des vérités est la chose la plus terrible »
peut-on lire de ta main.
Il n’en fallait pas davantage pour que Cyrille qui représentait
l’autorité de l’Église à Alexandrie, jaloux et envieux de ta popularité
auprès du peuple et opposé à Orestes, gouverneur civil de l’époque,
auquel tu étais liée d’amitié, fomente un complot. Une meute d’individus
brutaux s’insurgèrent contre toi. Sur la place publique, ils lacérèrent
tes chairs avec des coquilles d’huîtres avant de brûler ton corps.
« Dernière étoile de la sagesse antique » comme te surnomma Helena
Petrovna Blavatsky, tu connus la fin tragique des pionnières qui
ébranlent les dogmes et ouvrent de nouveaux chemins, mais ton respect de
la vérité, ton amour de l’humain dans sa conquête de lui-même te
permirent de préserver les lumières d’un savoir afin qu’il parvienne
jusqu’à nous. A travers les siècles, ta ferveur est un phare qui
transperce les obscurités et certainement tu tiens la lampe de Minerve
la Déesse pour guider ceux qui de tout temps cherche la source lumineuse
de la sagesse.
Citations de Hypatie :
« Toutes religions formelles et dogmatiques sont fallacieuses et ne
doivent jamais être acceptées comme absolues par quiconque se respecte.
» Hypatie
« Réservez votre droit de penser, parce qu’il est préférable de penser
incorrectement que de ne pas penser du tout. » Hypatie
« Enseigner des superstitions pour des vérités est la chose la plus
terrible. » Hypatie
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Première infirmière laïque d’Amérique du Nord,
cofondatrice de la colonie missionnaire de Montréal et fondatrice de
l’hôpital de l’Hôtel-Dieu, Jeanne fut surnommée “l’ange de la colonie”
par ceux à qui elle dédia sa vie.
Jeanne était chérie de son vivant et son image légendaire d’héroïne ne
cesse de se renforcer avec le temps.
Née à Langres, en France, en 1606, Jeanne s’est toujours distinguée par
une grande curiosité et indépendance de caractère. Adolescente, malgré
une santé des plus chancelantes, elle rêve de partir rendre service dans
le lieu du monde considéré comme le plus redoutable et démuni. Ce lieu
l’appelle, au plus grand désarroi de son entourage: «Dieu me veut en
Canada. Je ne sais pas pourquoi. Je m’abandonne aveuglément à ce qui va
se passer.»
Avec détermination, elle combattra les moult obstacles à
son départ en Nouvelle-France. Avec une gaieté à toute épreuve, elle se
rend à La Rochelle, où une mission dirigée par le jeune idéaliste Paul
de Chomedey est précisément à la recherche d’une «fille ou d’une femme
de vertu assez héroïque et de résolution assez mâle pour venir dans ce
pays prendre soin de toutes les denrées et marchandises nécessaires à la
subsistance de ce monde et pour servir en même temps d’hospitalière aux
malades ou blessés». Jeanne, qui résonne à cet appel, est alors invitée
à intégrer la nouvelle colonie pour le «soin du dedans», comme
Maisonneuve pour «le dehors et la guerre». Un projet fou : celui de la
fondation de la colonie de Montréal.
Le 9 mai 1641, deux vaisseaux quittent La Rochelle. Dans l’un d’eux,
Paul de Chomedey. Dans l’autre, la jeune Jeanne Mance. Trois mois plus
tard, une Jeanne complètement épuisée débarque à Québec, où elle
rencontrera l’exemplaire Madeleine de La Peltrie. Une première
expédition de reconnaissance est organisée. Outils, vêtements, vivres,
travaux de tous les corps de métier : Jeanne gère les opérations de main
de maître.
En France, l’enthousiasme qui transparaît dans les missives de Jeanne
saura attirer des partenaires surprenants dans ce fou projet – dit
Société de Montréal – qui n’avait d’autres buts que de bâtir des
maisons, défricher les terres et d’établir des écoles pour les
Amérindiens. Des notables et prêtres parisiens de grande influence
appuient financièrement la fondation de la future «Ville-Marie».
En mai 1642, le convoi d’aventuriers animés d’une exceptionnelle
confiance en la vie remonte le Saint-Laurent et jette les ancres à
Pointe-à-Callières. À la grande joie de Jeanne, un courrier de France
annonce l’octroi de fonds pour la construction d’un hôpital. De plus en
plus d’Amérindiens se joignent aux Montréalistes. Des Algonquins
installent leurs tipis autour du fort. De vraies maisons sont érigées,
remplaçant les simples cabanes en rondins. L’Hôtel-Dieu commence à
remplir sa mission. Jeanne voit enfin son rêve se réaliser. La Société
de Montréal est en train de germer.
Mais le tableau s’accompagne d’ombres : les escarmouches entre Hurons et
Mohawks et les attaques des Iroquois confrontent Jeanne à une réalité
hostile. Cette adversité ne fera qu’attiser la flamme d’amour divin qui
brûle en elle, et la conforter dans son dessein le plus profond qu’elle
nomme «volonté de Dieu».
En juillet 1645, commence la construction de l’hôpital Hôtel-Dieu. Il
fallait du courage pour s’installer dans ce premier bâtiment hors de
l’enceinte de Ville-Marie, sans cesse exposé aux possibles embuscades.
Ce sera le logis de Jeanne. La brave et généreuse infirmière parle
désormais l’algonquin et s’occupe d’enfants et de vieillards amérindiens
qui ne peuvent pas aller à la chasse. Après une période de paix qui voit
Algonquins et Français se côtoyer harmonieusement, la guérilla reprend
avec les Iroquois, ce qui fait fuir les Algonquins. La présence de
Jeanne est plus que jamais nécessaire pour le soin des blessés.
Mais la situation financière de la colonie se dégrade. Inquiète, Jeanne
décide de franchir à nouveau l’Atlantique, pour partir en quête de
bailleurs de fonds. Malgré les multiples obstacles – Paris est plongée
dans une période de troubles – sa confiance en la vie et en Montréal
reste intacte, “enracinée au plus profond de son cœur”. Grâce à son
enthousiasme, Jeanne parvient à mobiliser les bonnes volontés.
À son retour à Montréal, Jeanne constate avec effroi le dépeuplement de
la colonie. Ceux qui restent vivront une période dramatique, marquée par
des affrontements constants avec les Iroquois. La situation financière
périclite au point qu’on n’est plus sûrs de pouvoir maintenir Montréal.
Le gouverneur Paul de Chomedey part en France chercher du renfort. Parmi
les nouveaux arrivants, une jeune femme de 33 ans “de la trempe des
meneuses parmi les pionnières de Nouvelle-France”: Marguerite Bourgeoys,
qui se liera d’amitié avec Jeanne Mance.
Les travaux vont bon train : on défriche, on construit de nouvelles
maisons, on agrandit l’Hôtel-Dieu, on érige une église…On se marie et
l’on enfante. Trente-trois enfants verront le jour avant 1656.
Marguerite Bourgeoys fonde une école.
Le 28 janvier 1657, Jeanne, qui est âgée de cinquante et un ans, se rend
à la paroisse lorsqu’elle glisse sur la glace. Son bras droit est
paralysé et la plonge dans des douleurs lancinantes. Accompagnée de son
amie Marguerite Bourgeoys, Jeanne quitte alors Montréal pour se rendre
en France. Son état de santé empire. Les médecins qu’elle consulte
craignent qu’elle ne devienne hémiplégique. C’est alors que survient un
événement des plus étranges, que Jeanne relatera elle-même. Jeanne était
allée se recueillir auprès du cercueil de son ami monsieur Olier, un
fidèle partenaire décédé l’année précédente. “Comme j’entrai dans la
chapelle, il me prit un grand saisissement de joie si extraordinaire que
de ma vie je ne sentis de semblable. Mon cœur était si plein que je ne
le puis exprimer.” Avant de partir, et après avoir assisté à la sainte
messe, Jeanne posa la relique du cœur de M. Olier sur son bras gauche.
“Je pensais aux grâces que Dieu avait mis dans ce saint cœur et fus tout
étonnée lorsqu’au moment où je posai ce saint dépôt sur ma main, je la
sentis libre…Je sentis au même temps une chaleur extraordinaire
s’épandre par tout mon bras jusqu’au bout des doigts.” Jeanne retrouve
alors l’usage de sa main. Un véritable miracle.
Enfin, le 2 juillet 1659, un navire chargé d’une centaine de personnes –
hommes, filles à marier, institutrices et religieuses – prend le départ
pour la contrée lointaine. Là encore, frappe la catastrophe. Le navire,
qui avait auparavant transporté des soldats atteints de typhus, n’a pas
été désinfecté. Il en coûtera la vie de plusieurs passagers. Jeanne est
très atteinte, mais échappera cependant au mal. De retour à Montréal,
une nouvelle catastrophe s’abat sur la communauté: le bienfaiteur
français et concepteur de Montréal est mort. C’est la ruine. Jeanne doit
à nouveau trouver des ressources financières. La période de 1959 à 1962
sera la plus sanglante de l’histoire de Montréal. Les Iroquois sèment la
terreur chez les pionniers qui sont scalpés, torturés, et tués. Les
hospitalières de l’Hôtel-Dieu, femmes seules risquant l’attaque à tout
instant, ne manquent pas de courage.
Jeanne retourne en France, où la situation politique est complètement
différente. Ville-Marie perd son indépendance. Les Associés de Montréal
doivent démissionner. C’est alors que Jeanne vivra déception sur
déception. L’évêque François de Laval et Jean Talon, intendant du roi à
Québec, l’accusent à tort d’être une mauvaise gestionnaire. La colonie
est entre les mains de vaniteux…
Jeanne passera les années suivantes chez elle, à l’Hôtel-Dieu, entourée
de ses “filles adoptives”, petits-enfants et amis. “Je remets mon esprit
et mon âme entre les mains de mon Dieu, me soumettant à l’ordre sacré de
sa très aimable volonté. Jésus-Christ est le seul et unique appui de
toutes mes espérances. J’espère le voir et l’aimer éternellement”
écrira-t-elle dans son testament.
Jeanne Mance s’éteint le dimanche 18 juin 1673, en compagnie de sa
grande amie Marguerite Bourgeoys. “Depuis, - les hospitalières de
Saint-Joseph à Montréal en sont sûres et certaines – Jeanne ne cesse de
veiller sur la ville qu’elle a créée avec Paul de Chomedey de
Maisonneuve et les premiers colons”.
Depuis 1992, année de commémoration des 350 ans de Montréal, Jeanne est
enfin considérée comme la fondatrice de la ville, à égalité avec
Maisonneuve.
À nous, héritiers d’une riche histoire, d’entretenir la flamme léguée
par cette femme hors du commun. À nous de reprendre ce flambeau
d’enthousiasme, de confiance, de générosité, d’oubli de soi et de foi en
la transcendance pour fertiliser notre terre et en faire le réceptacle
d’un monde nouveau et meilleur…
Référence:
DEROY-PINEAU, Françoise, 1995, Jeanne Mance, De Langres à Montréal, la
passion de soigner, Bellarmin, 167 p.
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Elle était la fille du pharaon Thoutmosis I. À la mort de ce dernier,
elle épouse son demifrère Thoutmosis II, devenant donc grande épouse
royale. Cette union n’est pas « conjugale », mais plutôt magique. En
effet, pour assurer l’équilibre harmonieux du pays, c’estàdire pour
reproduire l’ordre céleste sur terre, le roi doit faire appel aux
pouvoirs intérieurs d’une dame, aussi importante et aussi aimée du
peuple que lui. Or, Thoutmosis II s’éteint très tôt, alors que son fils
Thoutmosis III était bien trop jeune pour régner. Hatchepsout assurera
alors la régence de l’Égypte, puis mènera de main de maître la barque
des deux terres pacifiées, secondée par Thoutmosis III. Elle sera une
pharaonne hautement respectée, dont le règne de quinze ans laissera une
empreinte indélébile sur l’Égypte.
Une femme pharaon? Était-ce exceptionnel? Pas du tout. La femme en
Égypte ancienne occupait une place rarement égalée dans l’histoire. En
fait, pour l’Égypte, la question de l’égalité des sexes ne se posait
même pas! Inspirée par Maât, grande déesse de l’Ordre universel, de la
Justice et de la Vérité, la femme est la garante de la cohésion, de
l’Amour, de la Beauté, de la Joie, de l’Art. Elle assure l’entretien de
la Grande Vie, le lien au Sacré. C’est pourquoi elle occupe une place
importante dans la vie cérémonielle, pilier de la société.
Les représentations d’Hatchepsout nous la montrent éternellement jeune,
rayonnant une féminité qui n’est pas occultée par la charge du pouvoir.
Voilà qui a de quoi nous surprendre. Pourtant, les grandes dames de
l’histoires avaient toutes ceci en commun: des capacités de gestionnaire
hors pair – sens de l’organisation, capacité de gestion des conflits,
ferme volonté – conjuguées de façon harmonieuse aux vertus
représentatives de la féminité : douceur, compassion, générosité,
intériorité, capacité d’écoute. Hatchepsout en est un exemple frappant.
Le règne d’Hatchepsout fut des plus pacifiques. Toutefois, si les deux
Égypte étaient unifiées et tranquilles, la douce pharaonne n’en incarna
pas moins un chef de guerre à la ferme volonté, repoussant les ennemis
potentiels. Les historiens s’accordent pour dire que son règne fut une
époque de prospérité et d’expansion commerciale et artistique
remarquables pour l’Égypte. Hatchepsout encouragea le commerce avec
l’Asie, organisa des expéditions vers les mines du Sinaï et vers le
Pount, et envoya une expédition aux carrières d’Assouan pour la taille
de deux obélisques pour Karnak.
L’un des premiers devoirs d’un pharaon consistait à bâtir des temples,
réceptacles de la puissance divine. Ainsi, les dieux pouvaient résider
sur terre et favoriser l’épanouissement spirituel et social de la
communauté humaine. Hapchesout remplira ce devoir sans faillir. On lui
doit nombre d’édifices sacrés, notamment à Thèbes, à El-Kab et à
Hermopolis. Un texte nous révèle les pensées d’Hatchepsout: “Ma
conscience songe à l’avenir. Le cœur d’un pharaon doit penser à
l’éternité. J’ai glorifié Maât.”
Pharaon est précisément le serviteur de l’éternité, sans quoi l’ordre
céleste ne pourrait régner sur terre. C’est pourquoi le monument le plus
important est la “demeure d’éternité” ou “temple des millions d’années”
que pharaon doit concevoir dès le début de son règne, et qui servira à
régénérer perpétuellement son âme. Hatchepsout construira le sien à Deir
el-Bahari, sur la rive ouest de Thèbes, entre la Vallée des Rois et la
Vallée des Reines, adossé à une falaise invitant à s’élever vers le
divin.
Le texte de dédicace prononcé par Hatchepsout a été préservé : “J’ai
construit un monument pour mon père Amon, maître du trône des Deux
terres, j’ai érigé ce temple de millions d’années dont le nom est le
Sacré des sacrés, en belle et parfaite pierre blanche de Toura, en ce
lieu qui lui est consacré depuis l’origine”.
Une tombe de Thèbes montre Hatchepsout célébrant la grande fête du
nouvel an. Lors de cette importante cérémonie, la reine recevait le dieu
Amon dans son temple des millions d’années. Elle lui offrait de superbes
bouquets, images de la beauté de la création mais aussi de
l’épanouissement de la vie spirituelle, victorieuse de la mort. Au
crépuscule, Hatchepsout allumait quatre torches; porteuse de lumière,
elle illuminait les ténèbres, suivie d’une procession. Ces torches
illuminaient des bassins de lait symbolisant les étais de la voûte
céleste. Chaque année de son règne, la reine présida, comme une grande
magicienne, ces célébrations ouvrant un chemin dans l’invisible.
Aucun document ne mentionnera le décès d’Hatchepsout, ce qui n’est pas
surprenant en Égypte, où l’on accorde plus d’importance au principe
céleste permanent qu’au véhicule terrestre. L’on sait toutefois que sa
disparition ne s’accompagnera d’aucun trouble. Après plusieurs années de
règne conjoint et une préparation exceptionnelle, Thoutmosis montera sur
le trône d’Égypte pour se révéler comme “l’un des plus grands monarques
de l’histoire égyptienne”.
Ce qui nous reste, c’est le parfum atemporel d’une dame exceptionnelle
qui a su marier, tel le fouet et le crochet se croisant sur le cœur de
pharaon, sacré et visible, contemplation et action, douceur et fermeté,
beauté et intelligence, sagesse et pouvoir.
Référence : Jacq, Christian, Les Égyptiennes
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